La Commission Patrimoine de la Ligue du Centre-Val de Loire de Basketball s’est rendue à Bourges le mercredi 27 novembre 2019 après-midi, auprès de Maurice CHAFIOL avec sa femme et sa fille pour les rencontrer.
La carrière de Maurice CHAFIOL
Comment est-on passé de l’US Berry au Cercle Jean Macé de Bourges ?
L’US Berry était un club omnisport. Pour créer le Cercle Jean Macé, il a fallu faire des Assemblées Générales en 1967.
Le Cercle Jean Macé comprenait une section garçons et une section filles. Le Président du Cercle Jean Macé, Patrick DORY a déclaré « on n’a pas les moyens de faire les deux sections garçons et filles, ». Patrick DORY est venu voir Jean-Claude BOIS alors Président de la Ligue,pour lui demander conseil. Jean-Claude BOIS lui a dit qu’il était hors de question avec le club de Bourges qui avait déjà une section foot, avec une population de 46 000 habitants à l’époque, de faire une deuxième équipe de garçons de haut niveau. La seule chance c’est de maintenir une section féminine alors que les anciens souhaitaient faire des équipes de garçons.
J’entrainais les filles du club et celles de l’UNSS.
Avec ces équipes de Bourges et Vierzon, elles sont montées progressivement jusqu’où elles sont aujourd’hui.
Avez-vous été arbitre / coach ?
Cela a commencé au Lycée Saint Exupéry, de Bourges J’étais à la base de la création des sections sportives et du CERHN. Il y avait pas mal de difficultés sur le plan scolaire car la direction de l’établissement ne voulait pas parler d’aménagement des horaires.
J’ai été ensuite au lycée Marguerite de NAVARRE, puis au lycée Alain FOURNIER. Finalement le CREPS de Bourges s’est formé là.
A l’époque on tombait dans des établissements où il n’y avait aucune infrastructure sportive. Il n’y avait même pas de gymnase au lycée Alain FOURNIER, il n’y avait rien. On était appelé à jouer sur des espaces réduits, si bien que le basket s’adaptait bien dans un espace réduit, comme le handball à sept qui est venu remplacer le handball à onze qui se pratiquait sur des terrains de foot, ce qui était beaucoup plus difficile.
Je me suis longtemps occupé du CERHN. Les classes étaient à horaires aménagées en section sport-études.
A l’époque, les Pôles Espoirs masculins et féminins étaient implantés à Orléans. Plus tard, la Ligue a décidé d’implanter le Pôle Espoir féminin à Bourges et le Pôle Espoir masculin à Tours.
Je me suis longtemps occupé du Pôle Espoir puisque j’accueillais les filles de l’internat lorsqu’elles ne pouvaient pas rentrer chez elles.
Les filles étaient scolarisées au collège Saint EXUPERY. L’encadrement était assuré par Brigitte COSTE. Les filles extérieures à Bourges étaient hébergées au lycée Marguerite de NAVARRE parce qu’il y avait un internat.
Le problème c’était que pendant les vacances, le basket continuait à fonctionner mais l’internat fermait. Donc je récupérais plusieurs stagiaires dans ma maison le dimanche soir.
Maurice a créé une équipe UNSS avec le centre de formation de du CJM Bourges. Les filles étaient toutes concentrées dans le même lycée. Le Centre de Formation n’était pas une structure nationale d’État, c’était une structure club. Avec ces filles est née l’équipe UNSS qui a été Championne du monde.
Les frais engendrés par les compétitions UNSS étaient à la charge du club. Au bout d’un moment, le club ne pouvait pas suivre financièrement.
Avez-vous donc encadré le Pôle Espoirs ?
J’étais responsable de l’organisation matérielle. Par exemple, j’allais chercher les stagiaires à la gare pour les amener à l’hébergement du Pôle. L’encadrement technique du Pôle a été successivement assuré par des techniciens : Brigitte COSTE, Olivier HIRSCH, Alain BOUREAUD et Florence LENDEMAINE.
Avez-vous coaché garçons et filles ?
Au début j’ai entrainé les garçons car il n’y avait pas de lycée mixte à l’époque. Il y a un garçon, qui me considérait comme son père spirituel. Il m’a dit qu’il aurait été un voyou si je n’avais pas été là. C’était un joueur du CMJ Bourges qui a joué au niveau régional.
Anecdote
Le prof de gym qui était au Conseil d’Administration, m’a informé, que l’un de mes élèves très bons en sport avait des notes excellentes en maths. Ce garçon avait eu des rapports avec une fille, qu’il avait mise enceinte. Le professeur principal, en conséquence, lui a refusé toute reconnaissance
J’ai dit à cet élève : « Ecoute, avec tes diplômes, tu vas aller à l’ENSA à Lyon et tu feras ta carrière et on va t’aider. » Mon épouse et moi, nous lui avons donné du matériel pour qu’il puisse continuer à vivre. C’était en 1964.
Le 1er septembre 2019, j’ai reçu une lettre de sa part. Il m’a raconté sa vie. Il était ingénieur et avait eu plusieurs enfants avec cette femme. J’ai été très ému et j’en ai presque pleuré.
Sources : Interview réalisée par Elise BARRIER-GUILLOT et Jacky RAVIER le 27 novembre 2019