La Commission Patrimoine de la Ligue du Centre-Val de Loire de Basketball s’est rendue à Orléans au domicile de Maurice CHÂTELET le mardi 31 octobre 2023.
Partie 1 : L’élève
On va donc on commencer par l’école primaire : est-ce qu’à l’école primaire tu joues au basket ?
MC – non
Et qu’est-ce que tu fais alors à l’école primaire ?
MC – Les cinq années du primaire (octobre1930-juillet 1935) à l’école publique du Cours Fleurus de St Amand Montrond, il n’y a pas d’éducation physique ni de sport !
On joue au jeu de l’épervier, des choses comme ça !
En octobre 1935 je rentre au Collège «mixte» (c’est exceptionnel pour l’époque) rue Jean Valette, en 7ème, où je fais une année de CM 2. Le Maître, Mr AUROY nous fait des leçons d’EPS, à l’extérieur, méthode suédoise.
C’est peut-être cette année-là que je me suis fait inscrire, avec mon frère, au club local de gymnastique : l’Etoile Saint Amandoise, club qui existe encore de nos jours !
De mémoire on n’y fait pas de jeu avec ballon.
En octobre 1936, puis en 1937, puis 1938, je fréquente les classes de 6ème, 4ème et 3ème (on peut remarquer que je n’ai pas fait de 5ème, on m’avait fait passer directement de 6ème en 4ème) !
Dans ce Collège on préparait les élèves jusqu’au Baccalauréat. Il y avait un Moniteur pour l’éducation physique qui s’appelait Mr DEVRIES. Il nous entraînait dans une église désaffectée, ou en extérieur pour les jeux de ballon, dont le basket, car un terrain avait été tracé dans la cour du collège.
C’est au cours de ces premières années collège que j’ai découvert le basket ! J’avais entre 13 et 15 ans.
Je ne crois pas avoir joué à cette époque au Sporting Club Saint-Amandois (SCSA). En conséquence je ne pouvais pas avoir de licence fédérale, seulement une licence scolaire à l’OSU ?
A la déclaration de guerre en septembre 1939, le moniteur du Club de gym, Mr RIFFAULT, employé chez un négociant en vins est mobilisé et l’Etoile Saint-Amandoise est mise en sommeil.
Beaucoup d’enseignants mobilisés, sont progressivement remplacés par des femmes.
L’année 1939-40 (année de la « drôle de guerre ») je suis en seconde, et l’année est très perturbée (absences de profs et nombreuses heures de permanence) Les effectifs des classes ont augmenté pour accueillir l’arrivée des familles réfugiées dans le Cher (elles fuyaient les opérations militaires aux frontières du nord et de l’est voire de la région parisienne, qui étaient en «zone occupée».
Le sud du département du Cher, donc Saint Amand, était en zone libre !
Mes années scolaires de première et terminale en 1941 et 42 sont normales, l’ordre est revenu dans l’Education Nationale. Nous avons récupéré un Moniteur pour l’EPS, Mr GERBAUD, formé à Antibes, également Maître d’Armes, qui applique la méthode naturelle Hébert, travail en vagues et leçons en parcours au cours des après-midi de plein air.
Le Club de Gym étant en sommeil, je m’inscris au Club de Basket (SCSA) ainsi qu’au collège, les deux premières années de la guerre.
Les entraînements du club ont lieu entre 18 et 20 h dans la Halle du Marché couvert.
A partir de 1941, nous avons été entraîné par Jean COUTURIER joueur qui avait participé avec l’Equipe de France aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin !
Les compétitions du Club ne comportaient que des rencontres avec des équipes qui étaient en «Zone Libre».
Oui mais c’est en quelle année ?
MC – En 1938-39 donc avant la guerre, j’ai commencé à jouer au basket au collège.
Mais là tu n’as pas de licence ?
MC – Ah non, c’est au collège, mais après, dans le club de Saint-Amand, ce sera possible.
Notre dirigeant-entraîneur MIMILANO qui était tailleur, s’occupait de tout. Et là on a eu la chance d’être entraîné par l’ancien joueur de l’équipe de France des JO (Jeux Olympiques) de 1936 et qui était venu sur Saint-Amand parce qu’il était originaire de Sedan et toute la population de Sedan avait été obligée de se replier en zone libre pour trouver du travail. Il avait trouvé un boulot, il est resté toutes les années de guerre ce garçon-là, Jean COUTURIER.
La dernière fois que je suis allé à la fédération de basket-ball j’ai vu sa photo. Il est sur une photo, là, dans les années 36.
Alors est-ce que tu te rappelles comment il vous fait jouer ?
MC – Ah ça non c’est toi le technicien, moi je n’ai jamais été un vrai technicien dans ce domaine-là. Non on jouait plutôt le «ripopo», tu sais à l’époque, c’est ça ouais, il n’y avait pas beaucoup de défense !
Un très bon souvenir finalement.
Maurice est-ce que tu penses que tu étais encore au collège à cette époque, tu y es resté jusqu’en terminale ? Jusqu’en 42 et après tu es allé à Grenoble ?
MC – Après je suis allé à Grenoble où j’ai joué au basket dans l’équipe universitaire de l’Institut Électrotechnique, et à l’époque il y avait, je crois, BUSNEL à Grenoble ? Mais je n’y ai pas joué en club.
Mais donc, tu ne sais pas si c’est par rapport à la 4e, la 3e, la 2nde, la première ou la terminale que tu te rapproches du club ?
MC – Bah, attends, j’ai quitté Saint-Amand en 1942 donc tu vois j’ai passé le bac en 1942 et après je suis revenu.
Mais là quand tu as passé le bac tu jouais déjà au club avec COUTURIER comme entraîneur ?
MC – quand j’ai passé le bac, je jouais au club et au Collège, tu vois, j’ai joué au club après Couturier.
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Donc ta première expérience de basket c’est dans le cadre scolaire des cours ou de l’OSU ou de l’OSSU de l’époque. Ça doit être l’OSU qui s’est transformée en OSSU sous le Front Populaire en 1936[1] ?
MC – Voilà, donc tu peux nous dire ce qu’était L’OSU (office du sport universitaire) ?
Oui, l’OSU c’était le rassemblement des clubs scolaires et universitaires mais c’était une joyeuse pagaille donc sous le Front Populaire il a été remis un peu d’ordre dans la boutique.
MC – C’est quelque chose que j’ignorais moi et que tu m’apprends.
J’étais un utilisateur et pas un dirigeant.
Tu jouais à quel poste ?
MC – Oh là là ! alors les précisions, tu sais, ça dépendait peut-être aussi des gens qui étaient là, c’est que nous avions tout de suite une quinzaine de joueurs, des garçons, pas plus de 15. Alors je jouais à l’aile, je ne me rappelle pas avoir joué au centre par exemple, soit à l’aile soit à l’arrière. J’étais d’une taille moyenne, moi c’est 1m71.
Tu te rappelles les scores ?
MC – Alors pas du tout, pas du tout.
Et de tes performances, tu marquais des paniers ?
MC – Il m’arrivait de marquer des paniers mais enfin je n’étais pas un spécialiste.
Tir par en dessus ou tir par en dessous ?
MC -Oh là, là quelles précisions ça ?
Les coups francs comme ça ?
MC – Les coups francs, à cette époque-là je pouvais même les mettre comme ça, maintenant tu vois je ne peux plus faire ce mouvement-là.
Comme ça, à la cuillère ?
MC – Oui ça, non, non, mais je crois, je ne me rappelle pas, tu vois, tu poses des questions-là je ne me rappelle pas, par contre COUTURIER, il avait une passe extraordinaire et qui nous cassait les doigts, on n’avait pas l’habitude de recevoir des ballons avec une telle vitesse. Ouais on a appris avec lui bien sûr.
En plus de joueur est-ce que tu faisais arbitre, marqueur, chronométreur ?
MC – non, non pas du tout, je ne me souviens pas. J’ai pu le faire parce que tu sais on n’avait pas toujours les arbitres et les chronométreurs. Non, peut-être que j’ai été appelé à le faire mais je ne me souviens pas.
La guerre se déclare en 1939
MC – Oui j’étais en train de ramasser des noisettes au fond de mon jardin.
Tu es en zone libre, mais le Cher est coupé en 2 ?
MC – oui c’est ça mais moi je suis dans la partie libre.
Donc après tu pars à Grenoble. Mais avant Grenoble, quand tu joues à Saint Amand, la camionnette que tu nous as donné en photo [2]?
MC – Oui la camionnette DESSON !
C’est elle qui vous servait à aller à Châteauroux ?
MC – Oui et ailleurs. C’était une camionnette qui appartenait au père d’un joueur Gaston DESSON, qui était garagiste à Saint-Amand.
Fin de la Partie 1
Interview réalisé par : Jean-Claude BOIS, Christian CATHELINEAU et Jacky RAVIER, Le 31 octobre 2023
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M-CHATELET-23-Novembre-2023-Partie-1-LeleveTélécharger le document en PDF de l’entretien Partie 1 en cliquant ici : https://centrevaldeloirebasketballpatrimoine.org/wp-content/uploads/2023/11/M-CHATELET-23-Novembre-2023-Partie-1-Leleve.pdf
[1] L’OSU est créée par les étudiants de l’UNEF en 1934, Jean Zay et Léo Lagrange la transforme en OSSU en 1938.
[2] La photo figure sur le site de la commission Patrimoine de la Ligue du Centre Val de Loire de Basketball.